Je contemplais vaguement mon reflet dans le miroir ovale de ma chambre. Mes cheveux étaient savamment bouclés et ornés de petites perles qui luisaient sous ma brune chevelure. Pendant que je considérais la question de mon apparence en me demandant si cela plairait à mon père, je resserra un peu plus mon corset d’un geste brusque et maladroit qui me coupa la respiration pendant quelques instants. Je vis une de mes dames de compagnie courir vers moi avant que je lui fasse signe que tout allait bien. Faisant alors quelques pas vers la chaise sur laquelle la robe que je devais porter était étalée, elle m’aida à l’enfiler avec un brin de gaucherie. Par gentillesse, je ne lui fis pas tout de suite remarquer. Elle était à peine plus âgé que moi et, je savais son père gravement malade. Très à fleur de peau, la jeune femme ne pouvait s’empêcher d’être angoissée par le moindre fait de travers lors d’évènements organisés par le roi. Lui prenant les mains une fois la robe mise en place, j’essaya de la rassurer de mon mieux.

L A D Y . M A R Y _ « Calmez vous Anne Marie. Rien ne vaut un tel état d’esprit. »

Pour simple réponse, Anne Marie de Dijon me fit un petite révérence en essayant de cacher ses yeux larmoyants.

L A D Y . M A R Y _ « Avez vous pris des nouvelles de votre pauvre père ? »

A N N E . M A R I E _ « Oui Princesse. Il ne se porte pas mieux que les autres jours. Mon frère dit même que son état s’aggrave et qu’il pou… » elle s'arrêta de parler au moment où une larme coula le long de sa joue malgré elle.

L A D Y . M A R Y _ « Ne dites pas de telles choses. -serrant ses mains un peu plus fort- Vos pensées sont bien trop sombres pour un jour aussi festif. Venez avec moi au bal et essayez de penser à autre chose. Cela vous fera du bien, j’en suis certaine. »

La laissant s’éloigner, je ne senti pas son cœur plus léger pour autant. Je n’aimais pas savoir les filles malheureuses mais, un jour de fête comme aujourd’hui, je me devais de penser au bonheur du roi avant tout. Me tournant à nouveau vers mon reflet, je réajusta mon corset. Au final, la robe m’allait à ravir et son décolleté, rehaussé de perles, soulignait la finesse de mes traits. La jupe bouffante en soie rose pâle était elle aussi parsemée de fines perles venant tout droit d’un pays exotique dont j’avais oublié le nom. Je prit mon masque couleur or, ornée lui aussi de perles autours des yeux, et laissa ma dame de compagnie la plus proche attacher le ruban derrière la tête.
M’admirant une dernière fois, je fis tournoyer mon corps mi femme mi enfant vers mes servantes. Les interrogeant du regard, je les vis me sourire esquissant un signe positif de la tête. Apparament, c’était parfait donc pour allait pouvoir sortir de la chambre. Ajustant le bas de ma robe, plus par maniaquerie que par besoin, je vis la porte s’ouvrir avant mon passage. Le majordome s’ouvrait déjà la seconde porte qui donnait vers les couloirs lorsque la première fut refermée derrière la dernière dame de compagnie qui m’accompagnait ce soir.

Charles était invité avec Margaret pour venir au bal. S'ils n'y allaient pas Henry serait furieux. Il fallait toujours être auprès de Sa Majesté pour lui montrer de l'attention. Le jeune Duc savait que c'est ainsi qu'il passerait pratiquement sa soirée, au côté du roi à dialoguer avec lui et à lui ramener la femme qu'il aurait choisi pour dormir avec lui le soir. Charles appréciait Henry et lui vouait une grande fidélité , il le ferait avec plaisir tout en n'hésitant pas à profiter lui aussi des demoiselles présentes. Son épouse s'habilla pour l'occasion , elle était ravissante comme au premier jour où leurs regards se sont croisés à l'exception d'une chose. La soeur de Henry semblait le regardait d'une autre manière tout comme il la regardait lui aussi, il voyait bien que leur amour disparaissait petit à petit. Que pouvait-il faire à cela ? Charles était vêtu à la mode de l'époque, il portait la couleur verte et une fleur était accrochée sur sa chemise. Il portait aussi les bijoux de son titre : Duc de Suffolk et un masque couleur argent et or . Margaret et lui arrivèrent dans la grande salle, la musique jouait, le chambellan le nomma ainsi que sa femme. Cette dernière se dirigea vers quelques nobles dames pour discuter avec elles. Ce soir son épouse semblait lui faire la tête pour une raison inconnue. Il soupira et se dirigea quant à lui vers la table qui leur était attribuée. La table ne se trouvait pas très loin du roi comme Margaret était sa soeur et que Charles était son confident. Il s'installa sur le banc de bois et s'amusa à regarder les nobles qui avaient prit place sur la piste pour danser. Le sourire et la carrure du Duc pouvait le faire repérer à cent lieux ! Et cela même avec un masque. À ce moment-là son regard croisa seule de sa nièce : Margaret Douglas. La demoiselle était resplendissante , il était persuadé qu'elle allait faire tourner les têtes de plusieurs hommes. Le Duc de Sulfolk s'empara d'une coupe et d'une carafe de vin pour commencer à se mettre dans l'ambiance de la soirée. Pour lui une soirée non arrosée n'en était pas une ! Il alla mettre le doux liquide à sa bouche lorsque la porte de bal s'ouvrit pour annoncer Lady Mary. Charles se leva et comme toute la Cour il lui adressa une révérence. Le jeune homme se jura d'aller converser avec elle comme pratiquement tous les jours depuis qu'Henry lui avait demandé de la surveiller au cas où elle soupçonnerait que son père compte mettre un terme à son union avec Katherine D'Aragon. Les festivités reprirent à la suite de son passage.

ANNE
Père ?

ANNE
Veuillez à faire attention !

Cette jeune femme avait l’air d’avoir un fort caractère. M’arrêtant de danser immédiatement, je la regardais de haut en bas. Elle n’était pas très impressionnante mais elle dégageait un petit quelque chose que je ne pouvais expliquer. En revanche elle avait un certain humour. J’aimais les jeunes femmes qui savaient rire, lui adressant un léger sourire. Autour de nous, les danseurs nous regardaient avec attention. La moitié devait se demander si une scène de dispute allait éclater pourtant je pouvais voir le Roi, par derrière l’épaule de la jeune demoiselle m’observer. Il n’y avait aucune méchanceté dans son regard, juste une certaine curiosité. Il fit signe à son ami à côté et lui posa une question. Mon père, derrière le Roi m’adressa un hochement de tête puis un sourire. Sortant de mes pensées pour me concentre sur la jeune demoiselle, je la sentis m’attraper par la manche pour me tirer loin de la piste. Quelle impudence ! Mais je devais bien reconnaître que sa spontanéité avait quelque chose d’agréable. Elle n’était pas entièrement faite de composition pour la Cour.


Faisant signe à un serviteur d’approcher, je me saisis de deux verres et en tendis un à la jeune demoiselle pendant qu’elle se présentait. Ainsi donc elle était de la famille du Roi. Intéressant. Affichant mon plus beau sourire, je fis une petite révérence comme il est d’usage pour les membres proches de Sa Majesté le Roi. J’occultais volontairement la réflexion qu’elle venait de faire sur l’hypocrisie des femmes de la Cour et donc de la mienne, elle ne devait pas être en reste. Pourtant je savais parfaitement qu’il ne valait mieux pas que la Nièce de Sa Majesté soit contre moi.

ANNE_ Anne Boleyn, fille de l’Ambassadeur Anglais en France.

Mon père était très connu à la Cour, il était réputé pour arriver à calmer tout les conflits possible et imaginable entre notre bien aimé Roi et le Roi François. C’était le meilleur ambassadeur de la Cour et le nom Boleyn était ainsi déjà un peu prestigieux.
Les danseurs avaient repris leur danse endiablée après notre courte interruption mais le Roi lui avait convoqué mon père auprès de lui et semblait avoir une discussion importante au vu des gestes fait de chaque côté. Je les vis distinctement poser leurs yeux sur moi en même temps. Me détournant en relevant la tête, je me concentrais sur la jeune femme en face de moi.

ANNE_ Un beau bal n’est ce pas ?

Un bal. Je n’avais vraiment pas envie d’aller danser au milieu de ses clowns royaux mais je n’avais pas vraiment le choix. J’étais installé à la Cour depuis maintenant 2 semaines et le Roi m’avait emmené dans toutes les rencontres festives qu’il avait faits. Et encore aujourd’hui il m’avait demandé d’être présent. Wolsey était passé dans la matinée mais m’avait laissé me préparer seul, me disait qu’il devait rejoindre quelqu’un d’autre. Il avait demandé à ce qu’on m’emmène des habits de Cour pour l’occasion. Je les avais regardés, certes, mais n’avais pas envisagé une seule seconde de les enfiler. Des collants… et puis quoi encore. J’avais un souvenir très fort de la seule fois ou j’en avais porté, et ça m’avait largement suffit. Je m’étais finalement rabattu sur mon traditionnel pantalon de cuir, mon haut de lin et ma petite veste de cuir tanné. J’étais bien plus à l’aise la dedans et je n’avais pas l’impression d’être un clown qu’on exhibait. Car je savais qu’on allait me regarder avec attention pour deux raisons : J’étais un paysan et il était clair que je n’avais rien à faire la et secondement, j’avais sauvé le Roi et il ne s’était pas privé d’en parler devant tout le monde.

Soupirant, je sortais de la Chambre que le Roi m’avait gracieusement prêté pour le temps ou je resterais sur place. Après tout, il avait vite comprit que je n’avais plus aucun endroit ou vivre. Mon village ne voulait plus de moi et ma famille m’avait rejetée. Ce qui me faisait le plus de mal dans tout cela c’était que c’était entièrement une histoire d’argent. En effet, après que le Roi m’ait invité la première fois à la Cour pour me remercier devant ses nobles, j’étais rentré les mains vides. Et pour cela, ils m’avaient lynché et traité de traitre au village. Les gens chargés de me ramener au village m’avait aidé à me défendre et m’avait raccompagné, blessé à Whitehall. Durant ma convalescence le Roi était venu plusieurs fois me voir. Je lui avais expliqué la demande du village : lui soutirer le plus d’argents que possible ainsi que ma réponse : un non sans retour. Apparemment touché par mon attitude, il m’avait offert de rester près de lui.

La salle de bal était remplie. Le gentilhomme à l’entrée chargé d’annoncer les gens regarda pendant bien 5 minutes mon invitation tout en m’observant de haut en bas. Il ne semblait vraiment pas comprendre ce que je faisais la et je devais bien être d’accord avec lui. Moi aussi je me demandais ce que je faisais ici. Il finit par me laisser passer, d’un air méprisant. Alors que je descendais le grand escalier, je vis le Roi me faire signe de le rejoindre. Traversant la salle, je me rendis compte que tout le monde s’étai arrêté pour me regarder. Je me sentais vraiment mal à l’aise. M’arrêtant près du Roi, je le saluais, le remerciant encore pour son hospitalité qui était plus que généreuse.

Repartant vers la salle, je me mis à l’écart pour respirer un peu. Je pouvais voir que les gens continuaient de parler de moi. Ils se pensaient discret mais je pouvais voir leurs regards en coin qui se montraient plus méprisant les uns que les autres. Attrapant un verre, il salua le jeune serviteur. Il n’était pas du genre à prendre les gens de haut. Un jeune garçon était à côté de lui et il semblait presque autant mal à l’aise que je l’étais.

JAMES_ Les gens pensent toujours qu’en cachant leurs bouche avec la main, ils paraitront plus discret pour critiquer.

Alejandro avait posé les pieds sur la Terre des Angles il y a seulement cinq jours de cela. N'étant guère empressé à l'idée de rejoindre une nouvelle fois la cour et ses intrigues, le corsaire espagnol avait séjourné chez l'un de ses plus proches compagnons, Thomas Wilson. Celui-ci avait beaucoup ri de la mésaventure du noble ibérique. En effet, Thomas connaissait le peu d'égard qu'avait son ami pour les mondanités, les révérences, les apparences trompeuses... Or, grâce à ce mépris pour la bienséance, le Duc avait su habilement évoluer au sein de la société. Il l'avait rapidement cernée, comprise et s'en était trouvé fort dégouté. Ainsi, le jeune homme n'était jamais trompé. Tout au contraire, il savait parfaitement se jouer des autres. Mais Don Alejandro n'était pas d'une nature sournoise et vicieuse. De sorte que les complots autres que diplomatiques l'indifféraient au plus au point. Thomas s'était gentiment moqué de lui : « Vous voilà devenu un courtisan mon bon ami... Cela ne vous indispose pas un peu ? Allons, ce n'est pas si terrible... La Cour d'Angleterre rassemble les plus aimables et délicieuses créatures. Tout en finesse et en charme, ces demoiselles ne demande qu'à aimer... Et certes, être aimé en retour. » Ce à quoi avait rétorqué Don Alejandro : « L'amour ne commence ni ne finit comme nous le croyons. L'amour est une bataille, l'amour est une guerre, l'amour grandit. Vous souvenez vous de notre ami poète français, qui avait eu cette jolie phrase à la bouche ? « Il faut se quitter souvent pour s'aimer toujours. ». Le noble anglais s'était souvenu, et avait une nouvelle fois souri. Les français avaient toujours eu le talent de converser galamment et de séduire de la même manière. A ce propos, Thomas avait bon nombre de fois solliciter l'aide linguistique de son ami espagnol. En effet, ne possédant point une maîtrise parfaite et complète de la langue française, il avait demandé à Don Alejandro de converser et traduire ses propos à de gentilles demoiselles. Ceci avait toujours été amusant à voir : le corsaire espagnol, légèrement ennuyé des requêtes de son ami, traduisant des discours d'amour bien enflammés d'un ton le plus monotone et indifférent qui soit. Or les jolies françaises, non rebutées par tant de neutralité, encourageaient les deux amis à poursuivre. Alors que Thomas enchainait les conquêtes, puisque selon lui, « l'amour est aveugle, il faut donc toucher », le Galicien se retrouvait appuyer contre un mur, observant les jeux de la Cour, les sourires équivoques, les regards appuyés... Sans jamais y participer personnellement. Il rêvait alors d'aventures, de nouvelles contrées fort éloignées où il pourrait enfin s'évader. Maintenant, le jeune homme allait retourner à la Cour. Il espérait secrètement pouvoir écourter son séjour là-bas, d'autant plus que l'ambassadeur Eustache Chapuys s'y trouvait déjà depuis quelque temps. Seule source de réjouissance ; Alejandro aurait le plaisir de voir la flotte britannique. Il avait toujours considéré les bateaux de guerre anglais comme les plus réussis et avancés. Mais cela ne l'avait nullement empêcher d'aborder et de couler une quantité importante de vaisseaux britanniques. Et sans l'ombre d'une hésitation.

Alejandro avait appris, à son arrivée à Londres, qu'un bal masqué se tenait le soir même. Bien que peu enchanté à cette idée, le corsaire alla s'acheter de beaux habits, comme le voulait la bienséance. Il était donc élégamment vêtu de bleu foncé, où s'entrelaçait ici et là des fils d'or. Le Galicien avait ôté son chapeau ; ainsi ses cheveux bruns étaient rejeté en arrière dans un effet coiffé-décoiffé des plus réussis. Don Alejandro marchait d'un pas ferme et silencieux. Sa démarche était sensuelle ; on pouvait le comparer au félin, s'avançant lentement vers sa proie. On ne pouvait oublier qu'il était un guerrier, un prédateur né. Certains avaient eu le loisir de deviner la musculature travaillée du garçon sous ses vêtements. Le Galicien s'avança dans la salle, mais avec discrétion, de sorte que son entrée ne fut que peu remarquée. Néanmoins, il salua les gens qu'on se devait de saluer. Bien que le jeune homme pouvait se permettre quelques entorses aux règles de conduite, il devait se tenir convenablement. Surtout en sa qualité de diplomate. Quoiqu'il en soit, Alejandro s'était au préalable présenté à la Cour du Roi Henri VIII dès son arrivée dans la matinée. Son regard s'était alors posé sur une personne de sa connaissance, Lady Anne Boleyn. Assurément, ses yeux se poseraient de nouveaux sur cette charmante personne. C'est pourquoi, l'épaule appuyée contre un mur, le garçon observait les danseurs qui s'activaient sur la piste. Il plaça son masque, d'un même noir que celui de sa ceinture et poursuivit ses observations.

J’avais permis à mes dames de compagnie de profiter du bal, de prendre un peu de bon temps. Elles avaient été surprises de mon offre soudaine et, certaines avaient même refusé celle-ci mais, je savais être très persuasive. Je n’avais pas envie de les voir contraintes de me suivre partout alors que, j’en étais certaine, la plupart d’entre elles rêvaient de pouvoir retrouver leurs soupirants respectifs le temps d’une belle soirée. Seule Anne Marie de Dijon avait insisté pour me tenir compagnie. Prenant ses mains dans les miennes, je lui avais promis de lui changer les idées. Les sombres pensées dont elle m’en avait fait part dans ma chambre n’étaient guère à l’honneur dans une fête célébrant le printemps mais, surtout, je n’avais pas envie de voir cette jeune enfant pleurer parmi les rires des autres convives. « Je suis sure que votre père serait très heureux vous voir sourire ce soir. Essayez de faire un effort pour lui, voulez vous ? » J’étais tendre, presque maternelle. Lady Anne Marie était une de mes plus jeunes dames de compagnie et, j’en avais toujours été très proche. Savoir son père aux bords du chemin de la vie me rendait tout aussi triste que de la savoir bientôt orpheline de père et mère. Elle était si jeune…
M’avançant doucement, je lançais un regard furtif au Roi et à ma mère. Toute la Cour s’était présentée à la fête et, mon père en semblait satisfait. Les masques des uns et des autres donnaient un charme mystique à leur danse et, parfois même, j’avais l’impression de voir des anges défiler et danser devant moi. Les couleurs pastel choisies pour l’occasion avaient été respectées par la majorité des invités mais, certains s’étaient entêtés à porter de sombres costumes. Ils se faisaient donc remarquer d’avantage que les autres.
Anne Marie posa une main sur mon bras. « Regardez, n’est-ce pas merveilleux ? » Elle parlait d’un jeune couple qui dansait non loin. La demoiselle en question avait la grâce que seuls les dieux auraient pu lui accorder et, le jeune homme était fort plaisant à regarder. Ensemble, ils formaient le duo parfait. « Oui, c’est exquis. Vous devriez faire de même Lady Anne Marie. Trouvez-vous un cavalier et peut-être qu’il tombera sous votre charme. Vous méritez un bonheur sans égal. » Elle me regardait sceptiquement et ne bougeait pas d’un pouce. « Allez, amusez vous… » La poussant doucement pour l’éloigner de moi, je vis quelques regards se poser sur elle en très peu de temps. Il fallait l’avouer, elle était un très bon parti. Elle était jeune, belle, fidèle à ses principes et bientôt, elle aurait besoin d’un mari qui s’occupe d’elle. Je tacherais donc de lui accorder ma bénédiction au moment venu…
Me mêlant à une multitude de visages masqués, je m’inclinais de temps à autres pour saluer nos convives. Certains étaient facilement reconnaissables à leur morphologie et, d’autres avaient même ôté leurs masques pour plus de confort. Non loin de moi, j’entendis une voix qui m’était familière. M’approchant de ma cousine Margaret, j’eus un mouvement de recul en voyant qui l’accompagnait. J’avais croisé peu de fois Anne Boleyn mais, il se dégageait d’elle quelque chose qui m’insupportait. Elle était bien trop arrogante à mon gout et, la voir ainsi avec ma cousine chérie me serra le cœur. M’avançant tout de même, j’affichais un sourire confiant. « Bien le bonsoir Mesdames. » Lançant un regard interrogateur à ma cousine, je continuais mon chemin après avoir fait une petite référence à l’égard du petit groupe. Lors de mon passage, on m’offrit un verre que je refusais poliment et, au lever la tête, je me rendis compte que ma prudence n’avait été que trop bonne. « Dante Alestro … Tiens donc ? » Voilà un homme qui avait toute l’attention de mon père et, d’après ce que j’avais compris, leur amitié semblait faite pour durer. Prenant le verre qu’il me proposait dans mes mains, je vérifiais ce qu’il contenait avant de porter le liquide à mon nez pour en sentir l’odeur. « Du vin ? Je ne suis pas sure d’en vouloir, merci quand même… » Je le lui rendis d’un air amusé. Entamant le pas pour m’éloigner de ma cousine et les Dames qui l’accompagnaient, je trouvais un coin tranquille en m’assurant que le jeune homme me suivait. « Dites moi… Que penses-vous d’Anne Boleyn ? » Je n’avais pas quitté la jeune femme des yeux. Elle avait la fâcheuse tendance de me fasciner autant qu’elle me répugnait...

Il n'est plus grande douleur que de se rememorer les jours heureux dans la misère- DANTE

Des centaines de personnes se poussaient contre l’entrée du Palais. Tous n’étaient pas des nobles, et plus de la moitié serait refusés mais ils tentaient leur chance. Après tout on disait que l’Espoir faisait vivre. Enfin c’était ce que pensais le commun des mortels. Tout ses gens qui n’avaient rien pensaient que rentrer dans ce lieu si grand, leur permettrait de devenir eux même un peu plus grand. Pourtant il se rendrait vite compte qu’il y avait plus d’humanité dans le peuple que dans la noblesse. La Noblesse était froide, elle était cruelle et cherchait sans cesse l’intérêt. Bien entendu, ils me seraient inutiles sans tout cela. Je ne cherchais pas le bien qu’il pourrait les envahir mais plutôt toute cette malveillance qui les poussaient à utiliser mes services. Il était commun qu’à la Cour, il valait mieux contrôler ses aliments. Mais pour ma part, l’empoisonnement était un moyen de faible, de lâche… ou de femmes. Une lame, habillement cachée, introduite, qui servait dans un coin noir, était bien plus utile. De plus la proximité de la Tamise était un avantage considérable. M’enroulant dans mon manteau noir, je remontais mon col contre le cou, il avait faire beau, je n’aimais pas sortir sans être bien habillé. Montant les escaliers, je montrais mon invitations au garde à l’entrée, lui faisant signe de se dépêcher de vérifier sur sa liste. A peine m’eut il fait signe que c’était bon, que je m’avançais, rapidement, vers l’entrée du bal. Tout le monde était habillé de couleur claire, avec des fleurs dans les cheveux. Je trouvais cela d’une stupidité parfaite.


Perché chi fugge non sarà per niente un vero vincitore

Les gens tournaient en rond, dansaient, se regardaient. Pourtant la moitié ne se connaissaient pas, ils se contentaient de se faire des ronds de jambes « au cas ou ». Oui, il ne valait mieux pas vexer quelqu’un qui pourrait être proche du Roi. C’était cela le principe même du Courtisan : être, en toute circonstance, prêt à être remarqué par sa majesté. Beaucoup avaient du s’entrainer des heures à la danse, pourtant, on pouvait voir de temps en temps les faiblesses : une demoiselle qui se plaignait de son cavalier, un danseur déséquilibré, ou un juron qui échappait. Les gens n’étaient jamais parfaits, même s’ils croyaient en être capables. Attrapant un verre, je vis signe au serviteur qui me regardait fixement de partir. Je n’étais pas habillé de blanc ? Et alors ? Après tout, je n’allais pas changer parce que la météo devenait plus clémente dehors. Et puis il fallait dire qu’en Angleterre, il fallait être très attentif pour voir qu’il y avait un changement dans le climat. La pluie continuait à tomber et le même brouillard couvrait toujours les rives de la Tamise que l’ont soit en Hiver ou en Eté. Mais les Anglais aimaient à rappeler qu’ils n’étaient pas qu’un pays humide. Pourtant je ne restais pas convaincu. Il fallait venir en Italie pour comprendre le vrai sens de l’été. Tout les arbres en fleurs produisait une odeur, qui accompagné à celle des fleurs, ne pouvait pas devenir oubliable. Elle restait incrustée dans nos narines. Saluant le Roi d’une légère inclinaison, je me dirigeais vers sa table.


Vous qui entrez, laissez toute espérance.- DANTE

Je n’étais pas à la Cour pour mon amusement personnel. A vrai dire, je n’aurais rien trouvé de bien à l’Angleterre si je n’avais pas été contrait d’y aller. Mais la vengeance était la meilleure des raisons. Pourtant, en arrivant ici, j’avais trouvé une bien meilleure cause. J’avais découvert une Cour pleine d’intrigues et de complot : une ambiance dans laquelle je me sentais particulièrement à l’aise. Me présentant au Roi sous ma vraie identité, il avait décidé de me garder ici. Il me demandait de garder un œil sur tout le monde et sur lui particulièrement. Mais il m’avait également passé quelques commandes. Oui c’était le terme qu’il avait choisit pour mon travail. Réputé pour être l’assassin le plus discret du continent, il estimait que mon travail était un véritable art. Et tel qu’il le ferait à un peintre, il me passait commande. Et je ne l’avais pas déçu. Les cadavres n’avaient jamais réapparus et on ne se rendrait compte de leurs disparitions que dans quelques jours, le temps d’orienter les potentielles personnes vindicatives vers d’autres personnes que Sa Majesté. Revenant rapidement vers un coin sombre de la salle de bal, je m’appuyais contre les tentures, un nouveau verre à la main, l’oreille attentive à toutes les conversations. Non loin, le Duc de Buckingham parlait avec le Seigneur Boleyn. Je connaissais bien ses deux hommes, ils avaient déjà contactés plusieurs assassins en ville mais, connaissant tout ses malfrats et étant connus d’eux, ils avaient préférés venir m’en parler. Ils semblaient préparer une sorte de complot pour détrôner le Roi, mais rien n’était sur. Buckingham semblait persuadé que le trône lui revenait mais je pouvais sentir que Boleyn n’était pas du tout intéressé par cela. Non, il recherchait quelque chose d’autres.



E se il dolor prevarrà avrà più senso

Une voix familière sonna à côté de moi comme une douce cloche. La princesse Mary se tenait à mes côtés, m’interpelant. Elle était magnifique dans cette robe, comme toujours. Elle était bien une des seules personnes à la Cour contre laquelle je ne dirais jamais rien, et je devais bien me l’avouer, pour laquelle je me mettrais en danger dans le but de la proteger. Faisant appel à un serviteur, je lui demandais un autre verre que je tendis à Mary. L’observant, je pouvais voir une multitude de sentiments se mélanger sur son visage : du dégout, de la haine, de la joie, de l’amertume mais surtout de la méfiance. Et je savais que ce dernier sentiment était vis-à-vis de moi. Nous avions beau nous voir à la Cour assez régulièrement, elle n’aimait pas mes affaires, je le savais parfaitement. On pouvait même dire que je le sentais. Ecoutant sa question avec attention, je me tournais vers la jeune femme dont elle parlait. Je la connaissais pour l’avoir souvent vu au Palais.

DANTE_ Et bien, cher Mary, c’est une demoiselle des plus intéressantes. Voyez par vous-même, le Roi, votre Père, ne l’a pas quittée des yeux depuis le début du bal. Il n’a de cesse de parler aux gens à côté de lui, en l’indiquant. Mais pourtant, on pourrait se dire que s’il l’a voulait en maitresse, il se lèverait et irait la voir. Non, c’est quelque chose d’autres. Quant à la demoiselle elle-même, elle est certes d’une très fine beauté, mais elle dégage quelque chose d’agressif. Je dirais qu’elle cache quelque chose, ou qu’elle n’est pas la pour son propre choix. Et le fait que son père, là, et son oncle, dans ce coin la bas, la fixe sans cesse ne fait que confirmer mes dires. Pourtant, elle dégage une attitude d’auto suffisance, qui me fait dire que… en somme… je ne l’aime guère.
Souriant à Mary, je lui indiquais que peu de choses pouvaient m’échapper ici.

Cherchant des yeux une place où m’assoir, je n’oubliais pas d’écouter sa réponse avec la plus grande attention. Dante avait beau être un homme dont je supportais peu les exploits, je le savais d’une redoutable franchise et c’était une des rares qualités que j’admirais chez lui. « Et bien, cher Mary, c’est une demoiselle des plus intéressantes. » Je m’assis dans un coin et lui fis signe de s’assoir à mes côtés. « Mais encore… ? Pouvez-vous m’en dire d’avantage ? » Il m’incita à poser mes yeux sur sa Majesté d’un léger signe de la tête. « Voyez par vous-même, le Roi, votre Père, ne l’a pas quittée des yeux depuis le début du bal. Il n’a de cesse de parler aux gens à côté de lui, en l’indiquant. Mais pourtant, on pourrait se dire que s’il l’a voulait en maitresse, il se lèverait et irait la voir. » Souriant tristement, je soupirais. « Dante… Sa Majesté sait se faire discrète, croyez moi. Il a eu plus de maitresses que ne le racontent les rumeurs. Croyez vous qu’il s’intéresse sincèrement à elle ? » « Non, c’est quelque chose d’autre. » Au fond de moi, je l’espérais. Imaginer mon père courtisant une telle femme ne donnait des frissons d’horreur. Perdue dans mes pensées, je n’entendais plus d’un infime murmure. La voix de Dante s’éloignait peu à peu sous les éclats de rire et la musique. Mon regard balayait doucement la salle lorsque celui-ci se posa à nouveau sur le jeune homme. « […] qu’elle cache quelque chose, ou qu’elle n’est pas là pour son propre choix. Et le fait que son père, là, et son oncle, dans ce coin là bas, la fixe sans cesse ne fait que confirmer mes dires. » J’avais suivis ses indications. Effectivement, les deux hommes semblaient s’assurer que Lady Anne ne fasse aucun faux pas mais, dans quel but ? « Pourtant, elle dégage une attitude d’auto suffisance, qui me fait dire que… en somme… je ne l’aime guère. » Son sourire en coin semblait sincère. « Bien, me voilà d’accord avec vous sur ce point. Toutefois, si son père souhaite la voir coucher dans le même lit que sa Majesté, je doute qu’elle ne soit contrainte de le faire. D’après moi, elle sera fort heureuse d’en tirer profit, au contraire… » Posant une main sur celle de Dante avant de l’enlever aussitôt, je fis ainsi en sorte d’avoir toute son attention. « Pouvez-vous garder un œil sur elle ainsi que sur ses proches ? J’aimerais vraiment qu’elle reste loin de mon père si possible. Si le roi vient à avoir des sentiments pour cette femme, je… je crains que quelque chose de grave ne se prépare. » Je me relevais doucement, cherchant mes dames de compagnie du regard. Elles n’étaient pas loin et, cela me rassura un peu. Un serviteur vint rapidement à mon encontre et me servit à nouveau un verre de vin. Décidément…
Mon verre en main, je me tournais vers Dante avant d’en boire une gorgée. « J’ose présumer qu’une telle soirée doit être une chasse aux trésors pour vous… » Je savais que je n’avais pas besoin d’argumenter pour que le jeune homme comprenne. L’ironie dans le ton de ma voix était évocatrice ou, du moins, je l’espérais. Je parlais bien évidement des conquêtes potentielles comme des missions que certains nobles seigneurs pourraient avoir à lui confier. L’invitant quand même à reprendre le pas en ma compagnie, je posais mon verre sur une table et vérifiais que mon masque était toujours bien attaché derrière la tête. Il était bien en place. Une fois la tâche finie, je levais les yeux et, un visage attira agréablement mon attention. M’assurant discrètement que Dante n’avait pas constaté ma surprise, je continuais de marcher comme si rien n’était. Appuyé à un mur comme s’il voulait faire partie du décor, un homme me semblait pourtant distant, observant chaque chose et être autour de lui. Je ne le connaissais pas puisqu’il ne m’avait pas encore été présenté mais, je pouvais deviner de qui il s’agissait là. On m’avait fait part de sa présence à sa Cour depuis peu et, certaines de mes dames de compagnie m’en avaient vanté les mérites et les charmes d’après ce qu’elles avaient elles même entendu. Ralentissant le pas malgré moi, j’essayais de retrouver chez lui les charmants détails dont elles m’avaient parlé lorsque Dante et moi-même nous sommes trouvés pris au piège des danseurs. Oubliant alors ce que je faisais l’instant d’avant, je laissais m’échapper un sourire taquin. Je défiais l’italien du regard en m’inclinant gracieusement. « Monsieur… ? »

Don Alejandro était, si l'on peut le formuler ainsi, au bord du gouffre de l'ennui. Un pas de plus et le corsaire sombrait dans un état de léthargie profonde. De ce fait, en plus de ses observations, le jeune homme comparait ces nobles ̶ marquis, marquises, ducs, duchesses, comtes et comtesses ̶ aux pirates, mercenaires, vagabondes, voleurs, hors-la-loi et autres âmes errantes de sa connaissance. Le Duc avait rencontré grand nombre de ces gens-là. Bien entendu, il priait et se morfondait car au plus profond de son cœur, le corsaire savait que ces hommes et femmes de basses classes valaient tout aussi bien ces aristocrates en soif de reconnaissance. Le diplomate avait séjourné bien des fois sur l'île de ****, située au large de la Terre des ****. Cette île était réputée pour la vie dépravée qu'y menait les habitants. Ces rumeurs étaient fondées quoique vagues. En effet, ce bout de terre respirait le vice, l'infamie, la débauche et tout cela dans le plus libre commerce. Le fonctionnement social sur **** n'était guère si éloigné que celui des Cours, à la différence que chacun affichait librement ses intentions. Le regard du Duc se posa sur un jeune homme, élégamment vêtu et de belle consistance. Un sourire en coin éclaira sa mine assombrie. Dante Alestra. C'est bien cocasse de retrouver l'ambassadeur italien à cette même cour au même moment. Voilà bien quelque temps que les deux garçons du Sud ne s'étaient point croisés, au grand regret de Don Alejandro. Celui-ci s'apprêtait à aller à son encontre quand son vieil ami se retrouva en charmante compagnie. Le sourire du garçon disparut lentement. Il considéra un instant Lady Mary et Dante puis détourna le regard. Maintenant, cela était clair, Alejandro était réellement ennuyé. Le jeune homme trouva qu'il n'était désormais plus indécent de quitter le bal après s'y être montré aussi longuement ; il entreprit donc de traverser la salle afin de rejoindre son logis. Mais alors qu'il allait passer la porte, Alejandro se retrouva face à la plus charmante créature... qui lui avait été déjà donné de contempler. Un bref sourire étira ses lèvres et son regard se fit plus intense : une lueur d'intérêt venait d'y naître. Le corsaire s'avança vers la jeune femme et il la salua bien courtoisement, comme il se devait : « Lady Mary Howard ». Le nombre de danseurs se fit plus important suite à ce salut, de sorte que les deux jeunes gens se mirent légèrement à l'écart, à l'abri des regards indiscrets. Ainsi, le galicien vint se placer derrière Lady Mary. Il put ainsi porter à nouveau un regard sur les gens de la Cour. Quelques minutes passèrent, dans un silence presque religieux. Pourtant, autre chose de plus palpable, était dans l'air. Les lèvres du corsaire approchèrent le cou fin et délicat de la demoiselle jusqu'à son oreille. « Señorita, c'est un plaisir que de vous rencontrer ici ». Le jeune homme se détacha d'elle, et se courbant légèrement, il offrit son bras à sa compagne. « Me feriez-vous l'honneur de m'accorder cette danse, mademoiselle Mary ? ».

Vous vous êtes fait un dieu d'or et d'argent, et quelle différence y a-t-il entre vous et l'idolâtre, sinon qu'il adore une idole et que vous en adorez cent?- DANTE



Il me semblait évident que Lady Mary détestait Lady Anne. Et elle avait raison, car cette demoiselle allait devenir un vrai danger pour sa mère, je pouvais le sentir. C’était peut être un instant, quelque chose comme cela, mais je savais que j’étais affreusement près de la vérité. Jetant un coup d’œil à Buckingham, toujours en train de comploter dans un coin, j’écoutais la requête de Lady Mary. Je savais que ce que j’allais lui promettre était contre mes promesses de loyauté au Roi, mais après tout, j’avais jamais été du côté du bon. Inclinant la tête pour montrer mon accord, je ne pu m’empêcher de penser qu’elle avait tout d’une grande Reine. Elle avait un port royal, et une assurance dans sa voix. Je n’avais trouvé normal qu’une personne dirige à elle seule un royaume, car des inégalités en sortant toujours, pourtant, chez certaines personnes, celles qui meurent le plus vite, on trouvait une vraie pureté dans l’âme. Et c’était cela qui me fascinait autant que me faisait peur chez la jeune demoiselle en face de moi. Elle serait une Reine puissante, mais dure. Je ne m’estimais en aucun cas devin, mais je pouvais le sentir dans son regard. Laissant échapper un rire froid à sa remarque sur ma chasse au trésor, je me rapprochais de son oreille pour y murmurer :

DANTE_ Oh chère Lady, vous n’en avez pas idée. Les masques protègent les visages, et non les âmes.

Les gens avaient tendance à parler derrière ses petits bouts de tulles qui les cachaient partiellement, mais ils ne faisaient qu’augmenter ma connaissance. Et je devais bien avouer que c’était un régal.


Torni a sentire gli spigoli di quel coraggio mancato


Attrapant la main de ma chère Lady, je ne pu m’empêcher de lui préciser que j’étais un plutôt mauvais danseur. Après tout, les courbettes n’étaient pas vraiment ma spécialité. Mais je fis quand même l’effort d’esquisser quelques pas à peu près correct. Je voyais, derrière Mary, Anne se mettre à danser. Elle était splendide, mais c’était une beauté froide, éteinte. Le genre de beauté qui était mortellement dangereuse. Me concentrant un peu sur la danse pour éviter d’écraser les pieds de la belle demoiselle, je me fis bousculer par un jeune homme. Celui-ci était anglais, de la haute noblesse, je pouvais le voir à travers son attitude. Il me jaugea de haut, en prononçant une insulte sur les étrangers. Lui disant de se calmer, ou il pourrait le regretter, je compris vite que cela ne servait à rien. C’était le genre de jeune jouvenceau plein d’arrogance qui voulait épater tout le monde autour de lui. Glissant une main sous mon manteau, je sentis le regard de Mary, et du Roi en arrière plan se poser sur moi. Soufflant, je partis rapidement, énervé, attrapant au passage une coupe d’alcool.