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Henry VIII, jeune roi plein d'ambition, prend le trône d'angleterre. C'est un regne plein d'intrigues qui se prépare.
 
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A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona]

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Mary Howard
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MessageSujet: A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] Icon_minitimeSam 18 Juin - 1:37


Lady Mary éprouvait depuis quelques jours un grand besoin de prendre du recul avec la vie qu’elle menait à la Cour du Roi Henry. Elle n’était pas d’une nature solitaire ou renfermée, mais ce qui avait tendance à la faire suffoquer entre ces quatre murs élégants était sans nulle doute la routine quotidienne assommante, l’étiquette étriquée, les « Bonjour, Monsieur », « Je me porte à merveille, et vous-mêmes ? », et autres civilités mondaines à dormir debout. Notre Mary n’oubliait pas l’Italie. Les collines multicolores de Toscanes, rondes et tendres, tantôt jaunes, tantôt brunes, vertes, ou orangées, et puis les cyprès au bord des chemins poussiéreux, qui s’élancent vers le ciel comme désireux de briser le calme monotone tout en arrondis des prairies italiennes. Mary aimait ces paysages car ils respectaient une certaine harmonie des couleurs et des formes, malgré quelques éléments hétéroclites qui parsemaient de-ci de-là les environs. En ces lieux, le ciel semblait s’approcher de la terre au maximum, comme si les nuages cotonneux souhaitaient s’allonger paisiblement sur le dos des collines. Ils y posaient néanmoins leurs ombres, lorsque le soleil se mettait à jouer à cache-cache dans les cieux azurins, si bien que la nature comme le climat étaient particulièrement cléments : le soleil réchauffait la terre brune, qui rougissait, timide, à l’idée qu’un astre aussi glorieux épanche sur elle ses rayons, et quant au nuages, ils semblaient parfois s’accrocher sur la cime des arbres, faisant des forêts des lieux ombragés agréables pour la promenade. Les pluies y sont abondantes mais courtes. C’était au yeux de la jeune Howard un paradis coloré.

Mais le souvenir de ces paysages pittoresques n’était pas le seul cadeau qu’elle avait rapporté d’Italie. Elle était tombée amoureuse, là-bas, d’un animal altier au caractère ombrageux et aussi contrasté que les paysages de Toscane. Il s’agissait d’un cheval (d’une jument, pour être précis) à la fois majestueux et indomptable, sauvage et raffiné. Lorsque le jeune femme se présenta à la porte des écuries du Roi et qu’elle demanda à ce qu’on lui apporte son destrier, le palefrenier roula des yeux craintifs dans ses larges orbites. Le nom de « Seika Akai » -tel était le nom original que la jeune fille avait attribué à sa monture- avait tôt fait de terroriser les personnes chargées de la gestion de l’écurie. Il paraît que le fier animal avait à moitié piétiné le premier palefrenier qui avait voulu le faire entrer dans le bâtiment, et que, non content de sa litière toute neuve, il avait poussé des hennissements stridents jusqu’à ce que l’un des responsables ait la bonne idée de laisser cette jument sauvage galoper au près pour se calmer. Autant dire que personne ne voulait tenter de seller l’impétueux destrier. Le palefrenier à qui s’était adressée Mary lui demanda s’il était bien sage de monter « toute seule » Seika Akai (comme si la présence d’un homme pouvait rassurer un tant soit peu la demoiselle !). Mary savait pertinemment que son père lui avait interdit de la monter mais mademoiselle Howard s’était fait offrir une adorable selle d’amazone, une de ces nouvelles selles à la mode qui permettaient aux femmes de chevaucher seules, sans avoir à s’accrocher à un monsieur pour tenir en place. Elle lança au palefrenier un de ces sourires pleins de fossettes qui redonna courage à ce monsieur, et celui-ci partit d’un bon pas vers les écuries. Mary, pour sa part, attendit dans la cour qu’on lui apporte sa jument. Cet animal avait coûté une fortune (c’était un cheval venu d’Asie), mais pour rien au monde Mary ne s’en séparerait. Seika Akai avait beau mordre ses palefreniers, dès lors que Mary était sur son dos, elle filait doux. Les chevaux Akhal-Téké ont en fait un caractère à la fois téméraire et affectueux. Ils se tueraient à la tâche pour leur cavalier, s’il le fallait, mais ils sont aussi très enthousiastes lorsque ledit cavalier ne leur demande rien de plus qu’une promenade en forêt.

Seika Akai arriva dans la cour, la tête bien droite, les oreilles dressées, presque au petit trot (c’était elle qui semblait diriger ses palefreniers plutôt que l’inverse) et poussa un hennissement joyeux à l’idée d’aller se promener. Mary aussi était contente. La robe isabelle aux reflets dorés de sa jument, chatoyante, était comme un avant goût de liberté. Mary essayait de ne pas penser à autre chose qu’à la promenade qu’elle s’apprêtait à faire, mais sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi, ses pensées la ramenaient toujours à la soirée du bal masqué qui avait eu lieu deux semaines auparavant. Elle s’était retrouvée elle ne savait comment dans un couloir obscur, en compagnie d’un jeune homme aux yeux noirs, au regard qui ensorcelle. Il s’était tenu un instant très près d’elle, et elle ne savait plus ce qu’elle avait pensé de cette proximité soudaine avec un presque-inconnu. Troublante, troublant, troublée. Perdue dans le noir, s’accrochant à ce regard sombre comme un papillon est attiré par la flamme avant de se brûler les ailes. Elle se souvenait… Oh, de quoi se souvenait-elle au juste ? Elle se souvenait que le lendemain elle était allée à la Chapelle, et il était encore là, trois rangs derrière elle, mais en diagonale, si bien que du coin de l’œil et si elle tournait très légèrement la tête sur le côté, elle pouvait l’apercevoir. Elle avait essayé de ne pas le regarder. Elle se concentrait sur la messe. Elle en traduisit certains passages en français, en italien, et en espagnol, par jeu, du bout des lèvres. Mais la veille, le couloir ? Elle ne s’en souvenait pas très clairement… Elle s’était échappée à temps. L’emprise du jeune homme… Elle lui avait répondu… Elle avait pris un tisonnier ! Oui, elle se rappelait de cela, au moins. Elle lui avait dit quelque chose qui aurait pu être une plaisanterie, dans d’autres circonstances… Et lui, qu’avait-il dit ? Il s’était montré poli, sans doute, et très respectueux, car elle savait qu’il était un homme d’honneur. Il ne lui aurait pas fait de mal, bien entendu. Il l’avait conseillée sur la façon dont elle tenait le tisonnier. Il s’était excusé. Et elle ? Et elle qu’avait-elle fait ? Elle était au bord de l’évanouissement, cela, elle s’en souvenait aussi…

Le palefrenier venait de dire quelque chose. Mary n’avait pas écouté. Comme à chaque fois que son esprit l’emmenait ailleurs alors qu’elle aurait dû se montrer attentive, elle fit un beau sourire à son interlocuteur et prit un air étourdi qu’elle feignait à merveille. « Merci, monsieur, vous êtes très aimable », dit-elle d’un ton sucré. Elle réajusta ses gants en daim, qui protégeraient ses petites mains délicates du frottement des reines sur la peau, et sauta en selle. Elle vit du coin de l’œil le palefrenier prendre un air inquiet. Seika Akai tapait du pied sur le pavé de la cour, impatiente de partir au grand galop. Mary aussi en avait très envie, mais elle prit d’abord soin de disposer correctement les plis de sa robe de velours rouge grenat sur l’arrière-main de sa monture, de sorte à ne pas trop se froisser. Elle n’eut qu’à desserrer très légèrement la pression qu’exerçaient ses doigts sur ses reines pour que sa courageuse jument parte au petit galop. Les plumes frisées de son chapeau ondulèrent au vent tandis que la demoiselle quittait le château en partant d’un rire pointu et joyeux, presque chantant. Mais elle ne parvenait pas à chasser ses pensées. Les masques étaient-ils vraiment tombés, ce soir-là ? Il lui semblait avoir lâché son tisonnier. Ses mains tremblaient. Le souffle court, elle s’était contentée de faire la révérence en murmurant « Pardonnez-moi, monsieur ». Puis elle était partie en courant dans le dédale des couloirs noirs, au comble de l’étonnement (elle n’arrivait pas à identifier la nature des émotions qui se bousculaient en elle tandis qu’elle se perdait dans le château), un peu terrifiée par ses pensées abstraites. Elle s’était tordue la cheville en courant, elle s’en souvenait car elle sentait encore une légère douleur à son pied gauche. Elle se rappelait s’être enfermée dans sa chambre, et après, plus rien, rien qu’un gouffre noir…


Dernière édition par Mary Howard le Sam 18 Juin - 15:32, édité 1 fois
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Alejandro de Baiona
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MessageSujet: Re: A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] Icon_minitimeSam 18 Juin - 13:27

« Monsieur mon père, il m'est agréable de recevoir de vos nouvelles, et pardonnez un fils indigne qui n'a pas point pris le temps de transmettre les siennes. Mais assurément, un homme de votre statut comprend parfaitement les maintes occupations et responsabilités qui sont à ma charge, et dont je ne peux me délivrer. Sachez donc que je n'oublie guère mon devoir en cette cour fastueuse, et chaque jour je m'attèle à l'honorable tâche confiée par Notre Empereur. Or, je crois entendre que vous souhaiteriez me voir distrait d'une certaine manière, si je puis le formuler ainsi. L'idée de mariage ne vous quitte donc point monsieur? Alors, je me retrouve une nouvelle fois dans la fâcheuse position de vous annoncer que je n''ai guère prononcé quelques serments matrimoniaux. […] et je vous serez reconnaissant de transmettre toute mon affection à la Madre, dont l'absence est terriblement ressentie. Je suis vôtre, etc. Alejandro Juan Vasquez, Don de Baïona. »

« Thomas Wilson, mon ami. Suite à vos nombreux empressements, je prends le temps de vous écrire. Dans votre précédente et appréciée missive, vous m'avez derechef demandé à décrire la Cour d'Angleterre. Eh bien, mon cher, pourquoi ne pas m'y rejoindre? Vous savez bien que les Cours Royales me laissent de marbre, et que je ne m'y sens point à l'aise. Tous ces fastes, ces sourires, ces marques de bienséances me fatiguent et me lassent, et sans votre sens de la répartie, la besogne se fait encore plus pénible. Vous m'étonnez Wilson, vous qui aviez une place confortable à cette même cour, après l'avoir quittée vous vous faîtes curieux de son évolution? Un élan patriotique, à n'en pas douter. Allons donc, je ne pense point qu'elle est changée de tout au plus, même si les jeunes nobles courant après les dames de compagnie ont plus de discrétion, après la perte de leur honnête guide. Savez-vous que l'on parle encore de votre personne? En bien la plupart du temps, comme il se doit lorsqu'on est courtisan. Quoiqu'il en soit, la Cour de Henry VIII est l'une des plus riches et dangereuses d'Europe, égalant celle de France. J'ai eu le loisir d'apercevoir le jeune Roi, et j'en retiens principalement sa fougue. Il est principalement entouré de ses plus proches amis, j'ai nommé Charles Brandon, Henry Grey et William de Berry. Je me suis entretenu avec le dernier jeune homme lors d'une de mes balades; un garçon tout à fait plaisant, et bon vivant. Vous autre, Anglais, entretenaient un goût particulier pour les plaisirs terrestres, tout en faisant croire que le monde vous ennuie. Oui, Thomas, j'ai rencontré quelques demoiselles, mais n'empruntez point ce ton goguenard avec moi, vous savez bien que je suis trop pieux pour l'apprécier. Pourtant, il y a cette demoiselle, Mary... Très intrigante. Or je crois avoir condamné toutes chances de me lier avec cette charmante personne. Il est assez embarrassant d'avoir à le raconter de cette manière, mais sans raison apparente, je me suis laissé entraîné par une soudaine passion. Cela doit vous paraître étonnant, en n'en doutez point, ce fait l'est aussi pour moi. J'ai toujours eu la certitude d'être une personne posée et modérée, mais ce soir-là, Dieu seul sait ce qui me prit. Néanmoins, je ne nie point ma conduite; je ne peux que l'excuser. Mais il semble bien que la jeune fille fut effrayée par mes manières. Ceci m'est tout à fait déplaisant; car elle doit maintenant m'assimiler à ces autres beaux-parleurs. C'est pourquoi le lendemain, pris de remords et de doutes, je m'en allais à la Chapelle m'entretenir avec Notre Saint-Père. Mon cœur et mon esprit furent ainsi apaisés, mais lorsque la demoiselle apparut non loin de moi, je crus plongé à nouveau dans les tourments obscurs des passions. Pourtant, je restais de marbre, regardant droit devant moi. Je semblais insensible, et indifférent, mais sa présence me troublait réellement. Or, une nouvelle fois, l'Amour de Dieu est le plus fort. Par la puissance et la clémence de celui-ci, la voie du Droit Chemin me fut à nouveau permise. Mon cher ami, je repose ici ma plume car une promenade m'attend. Au plaisir d'avoir de vos nouvelles, etc. Alejandro de Baïona ».

Le jeune Duc plia avec soin les deux lettres, les fit cachetées et il glissa les missives dans la poche intérieur de son habit, près de son torse. Le garçon se leva avec plaisir, car il avait passé une bonne partie de la matinée à rédiger ces deux lettres. Alejandro quitta ses appartements, et il se dirigea vers les écuries. Sur sa route, le galicien croisa quelques connaissances qu'il salua courtoisement. Sa réputation était déjà controversée en ces lieux, il ne manquerait plus qu'on le trouve impoli.

Le capitaine possédait un magnifique cheval andalou, puissant et endurant. La robe noire de l'animal était resplendissante, et elle correspondait très souvent à l'état d'esprit de son maître. Cheval et homme s'entendaient à merveille, et une longue histoire les liait l'un à l'autre. En outre, le cheval portait le nom de Bucéfalo, et cette appellation n'était point anodine. Alejandro le fit rapidement scellé, et ils ne tardèrent point à quitter les écuries. Le Duc choisit de diriger Bucéfalo vers une route peu empruntée et l'animal fila à toute allure. A la lisière d'une forêt, Alejandro aperçut une silhouette. Souhaitant de prime abord emprunter le chemin inverse, le garçon prit d'une certaine curiosité se dirigea vers l'autre cavalier. Une course endiablée débuta alors, et le galicien, amusé et joueur, mit en avant toutes ses qualités de cavalier afin de rattraper son adversaire.
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MessageSujet: Re: A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] Icon_minitimeSam 18 Juin - 15:31


Pourquoi s’était-elle enfuie, au juste ? Lady Mary fronça légèrement les sourcils, comme si se souvenir de cette soirée lui demandait un effort particulier. Elle n’avait pas réellement été effrayée par le jeune homme. C’était plutôt ce qu’elle ressentait en son for intérieur qu’elle avait tenté de fuir. Elle avait vu dans les yeux du jeune homme une lueur surprenante, passionnée, presque ardente, et ses yeux noirs avaient comme communiqué cette flamme aux yeux verts de la jeune fille. Voilà très certainement la raison pour laquelle elle était partie précipitamment. Elle ignorait encore ce qu’il se passerait, si jamais elle se trouvait de nouveau en sa présence. Oui, elle l’avait aperçu à la Chapelle, mais cela ne comptait pas, puisqu’ils n’y étaient pas seuls, et pas non plus très proches. Elle redoutait une rencontre seul à seul, en fait. Elle ne savait pas s’il lui faudrait dans une telle situation s’excuser, se fâcher, ou ne rien dire et s’enfuir de nouveau… Mais fuir n’était pas dans la nature de la demoiselle. Elle avait eu un instant de faiblesse, voilà tout. C’est du moins ce qu’elle se forçait à penser pour le moment. Seika Akai, pour sa part, fit un petit saut de mouton, comme pour réveiller sa cavalière. Il semblait parfois à Mary que sa jument était consciente de son état d’esprit. Elle fit passer sa monture au trot et flatta son encolure fine. Ce n’est qu’alors qu’elle entendit derrière elle, dans le lointain, le martèlement des sabots d’un autre cheval. Elle n’eut pas à se retourner pour savoir que ledit cheval ne ressemblait en rien à Seika Akai. Les foulées étaient longues et majestueuses, mais aussi assez lourdes, comme si le cheval était particulièrement puissant et imposant. Seika Akai avait pour sa part des allures particulièrement rapides voire précipitées, et ses muscles étaient fins, longs, et secs. Elle avait aussi un coup de saut impressionnant, en tant que cheval léger. Mary jeta un coup d’œil derrière son épaule. La robe noire du cheval lui fit d’abord penser à une race allemande, peut-être un Frison, mais après réflexion il pouvait aussi s’agir d’un Lusitanien ou d’un Andalou, c’est-à-dire un cheval Portugais ou Espagnol. Mais à cette distance, elle ne pouvait en savoir davantage. Le cavalier inconnu sembla vouloir d’abord diriger sa monture dans le sens opposé à celui qu’avait pris Mary, mais il sembla changer d’avis et la demoiselle remarqua que le cheval noir et son mystérieux cavalier se dirigeaient vers elle au galop. Elle ne savait pas très bien quoi en penser, mais quelque chose fit penser à la demoiselle que le cavalier voulait trouver un partenaire de jeux équestres. Quelque chose d’autre lui fit songer que, de loin, le cavalier ne devait pas se rendre compte qu’elle montait un Akhal-Téké, sans doute une des races les plus rapides au monde et les plus endurantes, et que, par ailleurs, elle était une femme. Elle-même ne reconnaissait absolument pas le cavalier, et elle n’avait pu faire quelques déductions sur la race de sa monture uniquement parce qu’elle se trouvait être une fine connaisseuse. Bonne joueuse, elle décida d’attendre que le cavalier s’approche un peu d’elle avant de faire partir Seika Akai au grand galop. C’était juste pour que le jeu soit plus palpitant. Le cavalier était ainsi à une petite vingtaine de mètres derrière elle, lorsqu’elle reprit le galop en direction de la forêt.

Seika Akai semblait très intéressée par la perspective de cette course folle, et se mit à galoper de bon cœur, et à toute allure. Une fois arrivés dans la forêt, il leur fallu serpenter entre les arbres. Cela se trouvait être assez facile pour la jument qui était très fine et légère, mais Mary, quoiqu’elle fût une excellente cavalière, n’était pas encore parfaitement stable sur sa nouvelle selle d’amazone, donc, elle décida de ralentir sensiblement la cadence, ne souhaitant pas tomber bêtement pour un simple jeu avec un sombre inconnu. Elle songea que cela lui faisait au moins un petit entrainement pour la prochaine chasse à courre qui serait organisée par sa Majesté. Elle avait bien l’intention de chevaucher seule, pour une telle occasion, et d’être parfaitement habituée à sa nouvelle selle. Néanmoins, comme elle avait perdu un peu de vitesse, et qu’elle était à présent au coude à coude avec l’inconnu (qui avait dû fournir un effort considérable pour la rattraper alors qu’elle était encore à pleine vitesse), elle se permit de tourner un instant la tête en direction du cavalier. Cinq mètres et quelques arbres les séparaient mais à travers le feuillage elle reconnut très bien le visage basané au traits parfaitement sculptés d’Alejandro de Baiona.

Son cœur fit un bond. Elle crut perdre l’équilibre un instant. Cela eut pour effet de faire s’arrêter net Seika Akai, dont le curieux instinct la conduisait à protéger coûte que coûte sa cavalière. Mary ne croyait pas qu’un cheval puisse avoir des sentiments ou de l’affection pour son cavalier, néanmoins, elle avait toujours constaté que sa jument était à l’écoute des moindres mouvements que la jeune fille faisait sur son dos. La jument passa donc au pas puis s’arrêta instantanément. Mary avait la nette impression que son corset allait l’étouffer. Cette impression était bien plus psychologique que physique, mais cela elle n’en savait rien. Elle savait juste qu’elle ne respirait plus du tout. Elle entendit Seika Akai pousser des hennissements stridents, comme pour alerter le cavalier avec qui elle jouait précédemment que sa concurrente était incapable de poursuivre cette course. Mais Mary, elle, ne pouvait rien dire, il lui semblait qu’elle allait défaillir d’un instant à l’autre.
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MessageSujet: Re: A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] Icon_minitimeJeu 23 Juin - 15:22



Alejandro appréciait la sensation du vent sur ses cheveux, et sa peau basanée frissonnait à chaque caresse de la brise. Le Duc était vêtu ce jour-là très sommairement, mais non point sans élégance. Un costume bleu nuit très sobre, en parfaite harmonie avec la couleur de ses cheveux. Le haut était découvert, de sorte qu'une chemise blanche formait seule résistance contre les bourrasques. Le tissu de cette chemise provenait d'Italie, c'est pourquoi la qualité en était assurée. Même si le jeune capitaine n'aimait pas les démonstrations ostentatoires de richesse, il avait le goût des objets et des vêtements fiables. En outre, ses voyages lui permettaient d'acquérir le nécessaire et il s'en trouvait fort satisfait.

Un sourire en coin s'était dessiné sur les lèvres du Galicien. Bien que doté d'un caractère posé, il n'en restait pas moins espagnol pour autant. Il ne refusait jamais un défi, lancé par simple amusement ou mettant sa vie en danger. Pour le premier, il s'agissait de prendre quelque plaisir dans les concours, et le deuxième correspondait plus globalement à la sauvegarde de son bon nom. Alejandro était un homme de parole, et il accordait beaucoup de valeur à ce principe. En revanche, lorsque certains lâches et traîtres avaient le déplaisir de croiser sa route, le Galicien ne ressentait ni pitié ni compassion. Certes, le Pardon du Saint-Père était accessible à tous, mais aveuglé dans sa bonté, Dieu se fourvoyait et ses loyaux fidèles se devaient de compenser cet élan de miséricorde. Le capitaine murmurait du bout des lèvres quelques encouragements à son destrier. Celui-ci, magnifique dans son effort et dans la puissance des ses foulées, rattrapait peu à peu son retard sur l'autre animal. Les murmures du cavalier, à mesure de la progression, se firent plus fermes. Alejandro vivait la course clandestine, au même rythme que son cheval. La position du cavalier était en parfaite adéquation avec celle de sa monture; mais son adversaire demeurait à l'avant, entretenant cette confortable avance. Or le Duc ne se décourageait point, cela ne lui ressemblait pas. Il n'avait pas changé de destination pour abandonner quelques lieux plus tard.

Il était étrange pour le jeune homme de ne point parvenir à distinguer son compagnon de course. Auparavant, la distance était trop importante pour reconnaître le cavalier, car assurément, il venait des écuries royales. Avant son départ, Alejandro avait remarqué que deux boxes étaient vides; celui de Bucéfalo en faisait partie. De plus, les chemins étaient ici arpentés par les gens de la Cour, donc le jeune homme avait assurément croisé la route du promeneur. Maintenant, la cadence endiablée du cheval andalou l'empêchait de considérer la fine silhouette de celui-ci. Or cela ajoutait un peu de piment à cette course, et le jeune homme devait se l'avouer, il était fort curieux quant à l'identité de cette personne. En outre, elle était fine cavalière car lui-même peinait à la rejoindre. Pour le moment. Si Alejandro excellait dans l'équitation, c'est qu'il avait dans ses jeunes années compenser l'appel de la Mer par les jeux équestres. Suite au décès de son frère aîné, Don Carlos avait interdit à son fils l'accès à la mer. Désespéré, ce dernier ne pouvait qu'arpenter la plage située en contre-bas du domaine familial de long en large, fixant avec envie l'horizon maritime. Alors, quand il ne pouvait passer des heures allongé sur le sable fin, le jeune homme venait aux écuries. De prime abord pour se distraire de quelques pensées sombres; et au final, Aarò était devenu un cavalier habile et aguerri, appréciant la compagnie des chevaux.

Le Duc fut surpris. Déstabilisé aussi. Que diable faisait-elle là? Il n'y avait plus de doute. Alejandro reconnaissait à présent la couleur chatoyante, et certainement le touché soyeux de ses cheveux à l'éclat doré. Il reconnaissait la taille fine, puis le profil délicat et enfin, son regard d'azur le transperçai comme jamais une lame ne pourrait le faire. Mary Howard s'arrêta, et le Galicien hésita un instant. Il finit par incliner légèrement la tête en guise de salut et continua son chemin. Il descendit de Bucéfalo non loin de là, près d'un lac. Mille et une pensées tenaient incertain le capitaine. Allait-elle croire qu'il la suivait? Allait-elle le prendre pour un excentrique? Rageur, le Galicien se défit de son haut déjà ouvert, et il le jeta près d'un buisson. Sa fine chemise était forte transparente, et lorsque Alejandro se baissa près de la source d'eau pour se rafraichir le visage, de fines gouttes apparurent sur le délicat tissu.

Enfin, le capitaine se leva. Mary s'était brusquement arrêtée, et Aarò supposait que c'était sa propre présence qui l'avait indisposée. Mais peut-être que le Galicien était en proie à un fort égocentrisme, et que la raison de son arrêt était toute autre. Après avoir laissé quelque temps de repos à son cheval, Alejandro monta sur Bucéfalo et revint sur ses pas. Les deux cavaliers se croisèrent à nouveau, certainement au même endroit; le lieu donnait sur une belle et vaste prairie, cachée par les ombres malicieuses des arbres. Le capitaine se tenait face à Mary, et il guettait un signe de sa part. Le cavalier descendit habilement de sa monture, et il se félicita de s'être revêtu de sa veste. Le silence les enveloppa tout deux, et le vent vint une nouvelle fois taquiner la chevelure sombre du Galicien. Celui-ci ne broncha pas, attendant. Qu'attendait-il? Lui même ne le savait guère. « Je ne savais point que vous veniez vous promener en ces bois, Mademoiselle. Si assurément j'en avais eu la connaissance, je n'aurais pas pris le choix d'emmener mon cheval ici-là. » Le capitaine marqua une pause, leva les yeux ciels, agacé de sa propre conduite. Il grommela quelque chose d'inaudible en galicien, puis il ajouta, le regard intense : « Ne croyez point que je ne désire pas faire votre rencontre... C'est que notre dernière entrevue se termina assez singulièrement, et je... Je ne voudrais pas vous importuner, Mademoiselle ».
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MessageSujet: Re: A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona] Icon_minitimeMer 13 Juil - 12:37


La jeune Howard se fâchait contre elle-même : on n’a pas idée d’avoir le souffle coupé de la sorte, face à un monsieur ! C’était très peu élégant et la demoiselle s’en trouvait honteuse. Elle gardait les yeux fermés, priant en silence n’importe quelle entité abstraite de lui venir en aide (elle n’osait pas prier Dieu dans de telles circonstances, sachant très bien que Celui-ci avait mieux à faire). Et puis quelle idiote, quelle idiote ! La stupidité fait-elle partie des dons de la nature que Lady Mary avait reçus à sa naissance ? Non, certainement pas. Actuellement, elle avait envie de piétiner le jeune homme avec son cheval. Oh que c’est mal, comme c’est méchant ! Ne faites donc pas les gros yeux, lecteur ! Et laissez-la tranquille, elle, et ses émotions furieuses. Il venait de passer son chemin. Elle savait qu’il n’était pas allé très loin, mais elle ne le voyait plus, pourtant. Elle se demanda combien de temps elle allait supporter d’être ainsi murée dans le silence. Elle voulait crier. Et elle voulait ne l’avoir jamais rencontré. Diantre ! Avec un minois comme le sien, ce monsieur peut bien séduire toutes les jeunes filles qu’il veut. Pourquoi a-t-il fallu… ? Enfin, laissons cela de côté. Notre Mary se débattait intérieurement. Elle avait l’impression de se noyer. En apparence, elle était parfaitement posée. Elle respirait profondément pour essayer de se calmer. Ses joues avaient emprunté une teinte légèrement plus soutenue que de coutûme, mais on aurait pu mettre cela sur le compte de la précédente course endiablée. Elle entendit un bruissement de feuilles. Il y avait de nouveau du mouvement, à quelques mètres de distance, droit devant elle. Elle comprit que le jeune homme revenait vers elle. Elle s’appliquait à retrouver contenance, lorsque celui-ci lui adressa la parole pour la première fois depuis le bal masqué :

« Je ne savais point que vous veniez vous promener en ces bois, Mademoiselle. Si assurément j'en avais eu la connaissance, je n'aurais pas pris le choix d'emmener mon cheval ici-là. »

Bon sang, les hommes parlent, parlent, cherchent leurs mots, font de beaux discours… Mary suffoquait. Elle aurait pu être un instant vexée des paroles du jeune homme mais cela ne lui vint pas à l’esprit puisqu’elle était trop occupée à se rappeler qu’il fallait inspirer puis expirer, de sorte à ne pas défaillir.

« Ne croyez point que je ne désire pas faire votre rencontre... C'est que notre dernière entrevue se termina assez singulièrement, et je... Je ne voudrais pas vous importuner, Mademoiselle »

Et le voilà qui s’empêtre dans son discours ! Il aimerait rayer certains passages et en étoffer d’autres… Mary voulait bien lui venir en aide mais il aurait fallu pour cela qu’elle se sente mieux. Elle se souvint que sa mère lui avait dit qu’un monsieur ne doit jamais voir qu’une femme est indisposée en sa présence… C’est très… quel était le mot ? Grossier. Une femme va toujours très bien. Elle doit toujours aller très bien. Forcément. Les femmes n’ont rien à penser, elles n’ont aucune responsabilité ni aucune autre soucis que celui de savoir si elles doivent porter une robe crème ou jaune… Evidemment ! Aussi hypocrite et insultant que ce protocole lui paraissait, Mary décida de le suivre, au moins un instant. Elle prit son air de grande Dame (vous savez : on redresse légèrement le menton, on bat des cils et on détourne légèrement la tête l’air de dire : « Je vous entends, monsieur, mais je suis trop sage et trop vertueuse pour oser vous répondre »… discours muet de pacotille !), et fit faire un demi-cercle à Seika Akai, en silence. Elle se dirigea vers cette jolie prairie que l’on distinguait à travers les arbres.

Elle avait envie de frapper quelqu’un. Oh, quelle violence, venant d’une jeune femme de la haute société ! Certes. Elle hoqueta, s’étant éloignée de monsieur de Baiona, et maudit intérieurement son corset, mais affichait toujours cet air imperturbable. Elle savait que le jeune homme n’était pas parti. Se sentant un peu mieux, et ayant retrouvé son calme (à croire qu’il lui fallait mettre de la distance entre elle et lui pour être à l’aise), elle lança à l’adresse du jeune homme :

« Vous n’avez pas gagné. Je ne… Je n’ai pas abandonné la course, je me suis juste arrêtée un instant, voilà tout ! »

Le moins que l’on puisse dire c’est que les deux jeunes gens ne sont vraiment pas doués pour communiquer ! Mary poussa un soupir exaspéré, s’apercevant que ce qu’elle venait de dire n’était absolument pas ce qu’elle avait l’intention de dire au départ. Qu’aurait-elle voulu dire ? Je ne sais pas, quelque chose comme : « Je suis navrée de m’être enfuie l’autre soir, et je vous assure que je suis morte de honte, car partir de la sorte était très impoli… Vous ne m’avez causé aucun tort, monsieur. ». Mais non. Il avait fallu qu’elle se contente de parler de leur course, comme si de rien était, comme s’ils n’avaient pas plus important à dire à l’heure actuelle. Elle adressa au jeune homme un sourire désolé, confessant ainsi son incapacité à lui dire ce qu’elle ressentait vraiment.

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A la poursuite des ombres [Alejandro de Baiona]

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