- Mylord...
La servante aux traits tirés s'approchait de l'homme assis dans un grand fauteuil près de l'âtre crépitant; son regard perdu dans la danse incessante des flammes, il ne remarque pas la présence de la femme. Il était fatigué, épuisé, éreinté... Cela faisait presque deux jours qu'il ne dormait plus, attendant impatient et fébrile la nouvelle qu'il attendait. Il n'avait pas voulu être à ses cotés de peur de voir le pire se dérouler sous ses yeux et, de plus, il ne voulait pas déranger les domestiques déjà présentes qui s'affairaient à tout régler et la soulager.
Le silence s'installait entre Charles et la femme d'âge mur, il dura quelques instants avant que cette dernière reprenne, dans un souffle.
- Charles... Lady Margaret vous à donné un fils.
Une étincelle de vie s'allumait dans les prunelles de l'aristocrate, il tourna son visage vers la gouvernante qui était à son service depuis bien des années et qui avait assisté à toutes les naissances de ses enfants; les deux filles de son premier mariage puis la fille de Margaret, Frances. Il commençait surement à désespérer de n'avoir pas d'héritier, avant ce soir...
Le poupon était minuscule, fragile et né avant terme. Quand le nouveau père arrivait dans les appartements de son épouse, il trouvait sa femme endormie et le petit garçon emmailloté à ses cotés. Les yeux grands ouverts, il fixait son géniteur de ses prunelles clairs et, lorsqu'il le prit dans ses bras, il ne pleura pas.
- J'ai un fils... Enfin... Bienvenue ici bas, Henry Richard Brandon.
La mère, qui venait d'ouvrir un yeux sur les deux hommes de sa vie, sourit puis se rendormie paisiblement.

Les années passèrent et le bébé grandit pour devenir un jeune garçon. Ses prunelles d'un bleu pâle à sa naissance devinrent aussi sombres que les ténèbres et le duvet soyeux qui recouvrait sa tête finit par s'allonger en mèches chocolat à la hauteur de ses épaules. Dès les premiers jours de sa vie, le nouveau né était toujours calme; ne pleurant presque jamais et dormant beaucoup. Ce comportement posé, il le conserva en grandissant. Quand arriva son petit frère, il en fut très heureux et s'évertuait à s'occuper de lui quand sa mère et les nourrices le lui permettait. Et il s’entendait à merveille avec ses sœurs ainées de par son esprit quelque peu romantique et doux.
Depuis toujours, il entendait des sermons et des phrases à son encontre: tu seras le futur roi d’Angleterre si ton oncle le roi henry, ne se voit pas accordé d'héritier garçon.
Mais Richard, comme il préférait qu'on l'appelle et comme tout le monde en avait prit l'habitude, ne souhaitait pas devenir roi. Évidemment il respectait son oncle et l'admirait pour son dévouement à ce rôle; mais jamais au grand jamais, il ne voulait que cette tache lui incombe. Il préférait de loin la lecture, l'équitation, l'écriture et les grandes marches dans les campagnes; au cœur de la nature elle même.

Un jour d'automne qu'il se promenait sur les sentiers recouvert de feuilles d'or, le nez perdu dans un recueil de poésie; il se heurtait à un homme de haute stature et plutôt imposant.
- Veuillez m'excuser monsieur, je ne vous avez pas... vue...
Relevant la tête, il découvrit le visage de son intercepteur.
- Père?! Mais que faites vous là?! Je vous croyez à la cour près de mon oncle?!
Le jeune homme, maintenant âgé de 11ans, regardait son parent avec incrédulité na sachant se qu'il faisait là en cet instant. Et alors qu'il allez s"excuser une fois encore pour le contourner et continuer son chemin, la main forte de son père se posait sur son épaule frêle.
- Richard, je vois bien que vous êtes seul ici; sans réels amis. Pourtant vous êtes un garçon sincère et plein de vie, que vous arrive-t-il mon fils.
Le pré adolescent dardait son regard empli de honte et de doute sur ses pieds, cherchant à fuir Charles le plus vite possible. Il ne pouvait se résoudre à l'importuné avec ses sentiments. Il allait éluder la question quand son père le prit dans ses bras pour le posté à hauteur de son visage. J'attends mon enfant. Père je... Il hésitait encore mais le regard brulant de questions de Charles le fit craquer. Je n'aime pas les hommes, ils sont cruels et sans scrupule! Ils ne pensent qu'à eux et n'hésitent pas à se détruire. Ils ne valent rien et ne sont rien. Alors je préfère rester seul avec mes livres et la nature ou les animaux car eux ne me tromperont jamais!!
Le paternel éclata de rire, reposa l'enfant à terre et lui ébouriffait les cheveux. Le petit ne comprit pas mais sourit tout de même. Ils rentrèrent ensemble à leur demeure en parlant de tout et de rien.

Quelques jours plus tard, alors que Charles était partie à la chasse avec d'autres nobles la semaine précédente; il revint avec un petit paquet gesticulant. Quand toute la descendance accourait vers le patriarche de retour et qu'il descendait de selle pour les saluer, seul Richard resta en retrait, arrivant en trainant les pieds. Car il avait été prévenu... Au retour de Charles... Il partirait pour la cour et pour être présenter au roi Henry. Baissant la tête, il saluait l'homme revenu puis se retournait mais accourant vers lui et l’arrêtant, le père lui déposait dans les bras le sac de toile. L'ouvrant pour jeter un œil dedans, nue petite tête poilue en sortie sous le regard ébahi du garçon.
- Je l'ai trouvé orphelin, sous le ventre de sa mère tuée par l'une de mes balles... Ne crains pas mes représailles, je sais que tu pourras t'en occuper convenablement. Je te le confie, prends en bien soin.

Depuis lors, il ne s'est écoulé que quelques jours qui ont suffit pour que sa vie change. Il partit pour le whitehall palace, fut présenté au roi et vit maintenant à la cour. Avec son compagnon lupin, qu'il prénomma Hope, ils amusent et passionnent les dames de la cour. Au plus grand bonheur du garçon, la bibliothèque et les jardins lui sont ouverts et accessibles à tout moment et il en est très heureux.


Avatar © Pan
Icon © Pan

Écrire en un minimum de 15 lignes.

Écrire en un minimum de 15 lignes.