C'était un jour clair, une journée magnifique sans nuage et à la clarté éblouissante. Une légère brise venant du sud réchauffait tendrement l'air de Londres et faisait doucement danser les feuilles et les fleurs offertes à la vue d'Aliénor et de Jeanne. La française regardait d'un œil attendrit la petite demoiselle qui s'essayait à l'art de la marche; en équilibre précaire sur ses deux petites jambes potelées. Bien souvent, la gravité la ramenait au sol en un petit claquement sec et elle tournait vers sa nourrice des grands yeux étonnés; cette dernière lui adressait un grand sourire et revoilà la môme qui tentait de nouveau de toucher le ciel.
Depuis le matin, Aliénor était aux aguets, à surveiller sans relâche la petite puce qui lui avait été confiée par son père la veille. Caleb avait en effet, quelques affaires urgentes à régler et avait donc confié sa prunelle à son amie de France. Il y avait bien des années qu'ils s'étaient connus, à la cour de roi français et s'étaient perdus de vue depuis... Aussi, quand ils se sont revus ici, au Whitehall Palace; lui avec sa fille et elle avec son titre; furent-ils heureux de pouvoir conter l'un sur l'autre dans cet univers. C'est aussi lors de ces retrouvailles qu'Aliénor fit la connaissance de la fille du jeune homme, la ravissante Jeanne; et qu'ils décidèrent qu'elle serait sous la garde de la rouquine lorsque le papa ne pourrait pas la garder.

Le jour précédent, Caleb était arrivé rapidement pour déposer sa princesse et il repartit aussi vite qu'il était arrivé. Bien sur, la petite demoiselle dormait encore au creux des bras de son géniteur lorsque Caleb passait la porte des appartements de l'aristocrate, puis, la déposant quasi amoureusement sur le lit fait spécialement pour elle, il partit après un dernier au revoir. Quelques heures plus tard, alors que le soleil berçait à peine la terre de ses premiers rayons de douce lumière, la petite Stuart s'agitait et réveillait avec elle sa gouvernante. Il ne fallait pas plus de jérémiades pour qu'Aliénor se lève et s'occupe d'elle. La petite Jeanne dans les bras, la nounou d'un jour descendait aux cuisines pour prendre se dont elle avait besoin pour sa protégée: du lait et quelques petits gâteaux français extrêmement mous, dont raffolait l'enfant. Mal peignée et encore à moitié endormie, la jeune noble virevoltait entre tels et tels ateliers de travail. Le petit déjeuner avalé pour toute les deux, elles repartirent dans la chambre de la jeune femme et elles s'habillèrent gaiement, même Jeanne s’esclaffait joyeusement devant leur petit défilé improvisé et devant leur habits. Au final, elles purent partir faire un petit tour... La matinée? Elles l'avait passé à crapahuter dans les rues du village avant de rentrer pour le midi. Là elles jouèrent encore, avec la nourriture cette fois; pas très recommandé certes mais toujours plus agréable. Aussi finirent-elles par atterrir au milieu des jardins dans lesquels elles passèrent l’après-midi à rire de nouveau.

- Et bien Jeanne, fait attention à toi; tu vas encore tomb... Une fois encore, le bruit assourdi d'un corps tombant au sol retentit entre les futées. Je te l'avais bien dis petite tête! Regarde toi maintenant, tu es toute barbouillée.

S'approchant de sa protégée toujours assise par terre, Aliénor sortit un mouchoir immaculé pour lui essuyer le minois recouvert de poussière et, très vite, la bout de tissu ressemblait à une vieille loque. Attrapant la petite princesse entre ses bras, la française se mit à tourner sur elle même et à fredonner une chanson pendant que le bébé commençait à rire aux éclats.